Tarte aux pruneaux, mariage d’Orient et d’Occident

Pour une tarte :
- 6 feuilles de brick
- 50 gr. d’amandes moulues
- 800 gr. de pruneaux
- 300 gr. de tofu soyeux
- 2 œufs entiers
- 150 gr. de sucre (dépendamment de l’acidité des fruits)
- cannelle
- un demi sachet de sucre vanillé
- pépites de sucre d’érable
- sucre glace pour la déco
- une noisette de beurre
Parenthèse : les pépites de sucre d’érable sont le cadeau d’un couple d’ami-e-s qui va régulièrement au Québec, donc c’est assez spécifique et je doute qu’on en trouve en Suisse. Ça ressemble à ça :
Donc voilà le topo : chaque année début septembre à Genève a lieu le jeûne genevois, fêté comme son nom l’indique uniquement par les Genevois-es, suivi de près par le jeûne fédéral suisse, fêté par tous les Suisse-sse-s sauf les Genevois-es. Ne me demande pas pourquoi, ça reste un mystère.
Toujours est-il qu’à l’occasion de ces jeûnes, la coutume veut que l’on ne mange rien sauf de la tarte aux pruneaux. Là également, le concept m’échappe et je fais semblant de saisir le pourquoi du comment.
Bref !
L’année passée j’avais réalisé une chouette tarte aux pruneaux au feu de bois dans un chalet valaisan, c’était intéressant comme expérience paranormale.
Cette année, cholestérol de darling et volonté da salir ma cuisine me motivant, j’ai tenté de changer un peu les « classiques ». Tout d’abord en utilisant des feuilles de brick, traditionnellement utilisées dans les cuisines orientales mais je m’en fous moi aussi j’ai un peu d’orient en moi donc j’ai le droit, et du tofu soyeux à la place des matières grasses usuelles.
Donc : les feuilles de brick, très sympa, très joli surtout. Pas très intéressant en bouche au fond, mais nettement plus léger que les pâtes à tarte « classiques » et franchement bien. Je connaissais la pâte filo, mais elle sèche beaucoup plus vite et elle est plus fragile (et accessoirement je ne la trouvais pas là où j’étais).
Le tofu soyeux, vraiment top. Dégueulasse niveau odeur quand c’est cru (on va pas se mentir), mais une fois cuit, vraiment super : il devient ferme à la cuisson et donne un petit quelque chose de doux. Et accessoirement, il contient très peu de saloperies en comparaison avec le beurre.
Une super bonne tarte, gloire à moi. C’était d’la balle.
1. Préchauffer le four à 200°.
2. Nettoyer les pruneaux et les couper en deux. Garder deux pruneaux pour la décoration et les couper en dés.
3. Dans un bol, mélanger le tofu soyeux, les deux œufs entiers, le sucre, la cannelle et le demi sachet de sucre vanillé.
4. Beurrer un moule à tarte, y déposer 4 feuilles de brick et les piquer à la fourchette.
5. Verser les amandes moulues et déposer les pruneaux coupés en deux, la peau vers le bas.
6. Faire couler la préparation au tofu soyeux sur les pruneaux. Eventuellement rajouter un peu de sucre par-dessus, selon les goûts de chacun-e.
7. Déposer les deux feuilles de brick restantes par-dessus et faire des petites fentes au couteau, pour permettre à la chaleur du four de circuler harmonieusement. Ajouter par dessus quelques amandes moulues, un peu de cannelle encore pourquoi pas et des pépites de sucre d’érable si vous en avez (à défaut, un peu de sirop d’érable pourrait peut-être faire l’affaire, mais sans le croquant).
8. Faire cuire à 200° durant 45 minutes environ (vérifier la cuisson : les feuilles de brick doivent être roussies).
9. Laisser refroidir et saupoudrer de sucre glace. A servir éventuellement avec un produit doux : yaourt, crème ou glace.
Voilà. Grâce à moi tu pourras dire : « Oui, j’ai mangé du tofu en dessert. Et j’ai survécu ».
(Merci à Gaël pour les photos !)
Si les Genevois fête le jeûne genevois, c’est en mémoire des nombreux massacres perpétrés à l’égard des protestant, notamment ceux de la Saint-Barthélémy et de Lyon. De plus, l’époque est marquée par de fréquentes disettes et donc un accès plus que réduit aux denrées alimentaires. Faire pénitence est donc relativement courant à l’époque. Aux alentours de 1640, les cantons protestants décident de jeûner chaque année, chacun quand il voudra. Genève suit le mouvement et les cantons catholiques aussi, instituant à leur tour des jours de méditation et de prières justifiés par des évènements extraordinaires. troisième dimanche de septembre.
Les protestants genevois s’offusquèrent à l’époque contre cette décision œcuménique et décidèrent d’instaurer
un Jeûne genevois, certes religieux,mais aussi patriotique.Entre 1840 et 1869, le Jeûne genevoisest officialisé, puis fêté de façon non officielle de 1869 à 1965. Il perd peu à peu sa signification religieuse. La loi du 8 janvier 1966 déclare férié le jour du Jeûne genevois, plutôt que le1er mai. Il est célébré le jeudi qui suit le premier dimanche de septembre.
Et n’oublions pas qu’en septembre, la saison des pruneaux est bien avancée!
Certes certes, c’est intéressant. Merci.
Mais note que ça plombe quand même un peu l’ambiance tous ces détails. ;o)
Oh, que c’est joli et ça a l’air bon! Il me reste plus qu’à trouver les ingrédients, ce qui sera équivalent au moins à une chasse au trésor! (Entre découvrir comment on appelle machin-truc en espagnol et un endroit où l’on aurait eu l’extrême sagesse et bonté de fournir le produit, ça va être rude…..).
Je tiens également à féliciter memepasmal! Superbes les photos!